Hodologia Experience

Et si...

**Vallée alpine sans voitures, 2052**

Midi d’été, à Val-Clair, première vallée alpine passée à 100 % mobilité partagée. Je ferme la porte de mon gîte bioclimatique quand la navette autonome freine en silence sur le gravier. Juste derrière, trois vélos cargos électriques cliquettent, rangés dans leur station en bois de mélèze. L’air sent la résine chaude et l’herbe coupée, pas l’essence.

— C’est vous, la maire-guide? demande Lina, 16 ans, sac à dos solaire.
— Officiellement, « élue en charge du tourisme doux », mais oui, je fais aussi les visites, je réponds.

On grimpe dans la navette partagée. Les sièges en laine locale grattent un peu, ça fait rire le petit frère. Je leur montre sur ma tablette la carte des flux : depuis l’interdiction des voitures privées le dimanche et la limitation des vols courts à 300 km, 80 % des visiteurs arrivent en train de nuit puis navette. Les commerçants siègent maintenant au comité de mobilité, au même titre que les habitants.

Dehors, le tintement des cloches de vaches couvre le bourdonnement des moteurs électriques. Plus haut, l’ancien parking à autocars est devenu un verger communal, où les touristes viennent planter un arbre en fin de séjour. Lina colle son nez à la vitre.

— On pourra revenir l’hiver?
— Si la montagne tient ses promesses et qu’on tient les nôtres, oui.

Au bout de la route silencieuse, la vallée entière ressemble à un long banc d’essai, prêt à accueillir la suite de l’histoire.

**Vallée alpine sans voitures, 2052**

Midi d’été, à Val-Clair, première vallée alpine passée à 100 % mobilité partagée. Je ferme la porte de mon gîte bioclimatique quand la navette autonome freine en silence sur le gravier. Juste derrière, trois vélos cargos électriques cliquettent, rangés dans leur station en bois de mélèze. L’air sent la résine chaude et l’herbe coupée, pas l’essence.

— C’est vous, la maire-guide? demande Lina, 16 ans, sac à dos solaire.
— Officiellement, « élue en charge du tourisme doux », mais oui, je fais aussi les visites, je réponds.

On grimpe dans la navette partagée. Les sièges en laine locale grattent un peu, ça fait rire le petit frère. Je leur montre sur ma tablette la carte des flux : depuis l’interdiction des voitures privées le dimanche et la limitation des vols courts à 300 km, 80 % des visiteurs arrivent en train de nuit puis navette. Les commerçants siègent maintenant au comité de mobilité, au même titre que les habitants.

Dehors, le tintement des cloches de vaches couvre le bourdonnement des moteurs électriques. Plus haut, l’ancien parking à autocars est devenu un verger communal, où les touristes viennent planter un arbre en fin de séjour. Lina colle son nez à la vitre.

— On pourra revenir l’hiver?
— Si la montagne tient ses promesses et qu’on tient les nôtres, oui.

Au bout de la route silencieuse, la vallée entière ressemble à un long banc d’essai, prêt à accueillir la suite de l’histoire.
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2 0
**Vallée alpine, été 2052**

Le midi tape fort sur la nouvelle place piétonne de Val-des-Sources. Les pavés tièdes renvoient une odeur de granite mouillé par l’orage de la veille. Derrière moi, la fontaine sèche cliquette doucement : l’eau ne coule qu’une heure par jour, à cause du stress hydrique. Je suis Lila, directrice de l’office de tourisme, et je regarde le train à hydrogène filer dans la vallée, silencieux, comme un souffle blanc. Depuis qu’un décret national a interdit les vols intérieurs de moins de 400 km, 80 % de nos visiteurs arrivent par rail. On a survécu à la fin du ski de masse, on a même mieux que ça : un été plein, mais respirable.

— C’est calme, pour une station réputée, non ? demande Samir, jeune randonneur, casque de vélo à la main. 
— Calme, oui. Vide, non, je réponds en lui montrant mon brassard. On a des jauges : 3 000 lits max, réservations obligatoires pour tous les sentiers fragiles, créneaux partagés avec les habitants.

Il hume l’air, surpris par l’odeur résineuse des mélèzes et la musique douce qui s’échappe du marché paysan. Les hébergements éco-conçus autour de la place recyclent l’eau de pluie, les touristes participent à la restauration des tourbières le matin, télétravaillent l’après-midi dans les anciens hôtels transformés en coworkings.

Sous la lumière blanche de ce midi d’été, la montagne ressemble moins à un parc d’attractions qu’à un village qui aurait décidé de vieillir avec grâce. Samir se tourne vers le panneau “Sentier régénératif – départ dans 10 minutes” et commence déjà à imaginer ce qu’il y fera.

**Vallée alpine, été 2052**

Le midi tape fort sur la nouvelle place piétonne de Val-des-Sources. Les pavés tièdes renvoient une odeur de granite mouillé par l’orage de la veille. Derrière moi, la fontaine sèche cliquette doucement : l’eau ne coule qu’une heure par jour, à cause du stress hydrique. Je suis Lila, directrice de l’office de tourisme, et je regarde le train à hydrogène filer dans la vallée, silencieux, comme un souffle blanc. Depuis qu’un décret national a interdit les vols intérieurs de moins de 400 km, 80 % de nos visiteurs arrivent par rail. On a survécu à la fin du ski de masse, on a même mieux que ça : un été plein, mais respirable.

— C’est calme, pour une station réputée, non ? demande Samir, jeune randonneur, casque de vélo à la main.
— Calme, oui. Vide, non, je réponds en lui montrant mon brassard. On a des jauges : 3 000 lits max, réservations obligatoires pour tous les sentiers fragiles, créneaux partagés avec les habitants.

Il hume l’air, surpris par l’odeur résineuse des mélèzes et la musique douce qui s’échappe du marché paysan. Les hébergements éco-conçus autour de la place recyclent l’eau de pluie, les touristes participent à la restauration des tourbières le matin, télétravaillent l’après-midi dans les anciens hôtels transformés en coworkings.

Sous la lumière blanche de ce midi d’été, la montagne ressemble moins à un parc d’attractions qu’à un village qui aurait décidé de vieillir avec grâce. Samir se tourne vers le panneau “Sentier régénératif – départ dans 10 minutes” et commence déjà à imaginer ce qu’il y fera.
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2 0
**Marée basse sur Belle-Plage, 2068**

Midi d’été. Au large, les anciens immeubles de front de mer dessinent une ligne cassée derrière les digues végétalisées. Ici, sur la métropole littorale rétrécie, on visite désormais… la marée basse. Nora, garde‑côte devenue guide, marche en tête du petit groupe sur le sable humide, les orteils dans la vase tiède.

— On a reculé la ville de 300 mètres, explique-t-elle. Les premiers touristes venaient surtout voir « ce qu’on avait perdu ». 
Lyam, 17 ans, renifle l’air. 
— On dirait une odeur de thé vert… 
— C’est la lagune filtrante, sourit Nora. Les roseaux et les palétuviers urbains nettoient l’eau. On a troqué les parkings contre une nurserie à poissons.

Un tram côtier silencieux chuinte au loin, alimenté par la centrale solaire commune. Les navettes électriques partagées attendent en retrait, interdites de digue après dix heures. La mairie a plafonné les nuitées à 60 % de l’ancienne capacité, les habitants gèrent eux‑mêmes les licences de chambres d’hôtes. 

Nora s’arrête devant une barque renversée, recyclée en banc. Sous le bois poli par le sel, des crabes filent. Elle tend un carnet au groupe : chacun note ce qu’il a vu et ce qu’il rend à la mer demain, séance de plantation ou simple temps sans écran. 

Le soleil tape sur les algues brillantes, la ville recule en silence derrière le cordon dunaire, et déjà, quelqu’un lève la main pour proposer une nouvelle façon de revenir l’an prochain.

**Marée basse sur Belle-Plage, 2068**

Midi d’été. Au large, les anciens immeubles de front de mer dessinent une ligne cassée derrière les digues végétalisées. Ici, sur la métropole littorale rétrécie, on visite désormais… la marée basse. Nora, garde‑côte devenue guide, marche en tête du petit groupe sur le sable humide, les orteils dans la vase tiède.

— On a reculé la ville de 300 mètres, explique-t-elle. Les premiers touristes venaient surtout voir « ce qu’on avait perdu ».
Lyam, 17 ans, renifle l’air.
— On dirait une odeur de thé vert…
— C’est la lagune filtrante, sourit Nora. Les roseaux et les palétuviers urbains nettoient l’eau. On a troqué les parkings contre une nurserie à poissons.

Un tram côtier silencieux chuinte au loin, alimenté par la centrale solaire commune. Les navettes électriques partagées attendent en retrait, interdites de digue après dix heures. La mairie a plafonné les nuitées à 60 % de l’ancienne capacité, les habitants gèrent eux‑mêmes les licences de chambres d’hôtes.

Nora s’arrête devant une barque renversée, recyclée en banc. Sous le bois poli par le sel, des crabes filent. Elle tend un carnet au groupe : chacun note ce qu’il a vu et ce qu’il rend à la mer demain, séance de plantation ou simple temps sans écran.

Le soleil tape sur les algues brillantes, la ville recule en silence derrière le cordon dunaire, et déjà, quelqu’un lève la main pour proposer une nouvelle façon de revenir l’an prochain.
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**Vallée alpine, 2058**

À midi d’été, la petite navette électrique grimpe en silence vers le belvédère. Dehors, les anciennes pistes de ski sont devenues des terrasses de vergers, et les cloches des vaches rythment la montée. Lina, 17 ans, passe la main sur le siège en laine recyclée, encore tiède du soleil. 
— Tu te rends compte qu’ils skiaient ici, papa ? 
— On m’a montré des photos, répond Malik en riant. On appelait ça “la saison blanche”. Maintenant, c’est la saison des cerises. 

Au sommet, la vallée s’ouvre, piquée de petits écolodges en bois local. Les touristes arrivent par train de nuit seulement, depuis que la commune a voté en 2050 l’interdiction des voitures individuelles de passage. L’odeur des sapins chauffés par le soleil se mêle à celle du pain au levain qui sort du four du vieux refuge, transformé en atelier de cuisine. Une pancarte indique calmement : “Capacité du sentier : 120 personnes / jour – complet à 15h”. Personne ne râle, on réserve sa demi-journée sur la même appli que le billet de train.

Lina suit la balade “climat & myrtilles”, où chaque visiteur doit planter trois arbustes avant de déguster la récolte. En contrebas, un ancien canon à neige rouille, transformé en banc fleuri. Entre ses mains pleines de terre humide, la montagne ne parle plus de manque, mais de ce qu’on peut encore réparer ensemble.

**Vallée alpine, 2058**

À midi d’été, la petite navette électrique grimpe en silence vers le belvédère. Dehors, les anciennes pistes de ski sont devenues des terrasses de vergers, et les cloches des vaches rythment la montée. Lina, 17 ans, passe la main sur le siège en laine recyclée, encore tiède du soleil.
— Tu te rends compte qu’ils skiaient ici, papa ?
— On m’a montré des photos, répond Malik en riant. On appelait ça “la saison blanche”. Maintenant, c’est la saison des cerises.

Au sommet, la vallée s’ouvre, piquée de petits écolodges en bois local. Les touristes arrivent par train de nuit seulement, depuis que la commune a voté en 2050 l’interdiction des voitures individuelles de passage. L’odeur des sapins chauffés par le soleil se mêle à celle du pain au levain qui sort du four du vieux refuge, transformé en atelier de cuisine. Une pancarte indique calmement : “Capacité du sentier : 120 personnes / jour – complet à 15h”. Personne ne râle, on réserve sa demi-journée sur la même appli que le billet de train.

Lina suit la balade “climat & myrtilles”, où chaque visiteur doit planter trois arbustes avant de déguster la récolte. En contrebas, un ancien canon à neige rouille, transformé en banc fleuri. Entre ses mains pleines de terre humide, la montagne ne parle plus de manque, mais de ce qu’on peut encore réparer ensemble.
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**Marée basse sur Lyon, 2058**

Il est midi d’été, mais l’air reste étonnamment frais sur les quais végétalisés de la grande métropole. À marée basse, le Rhône élargi découvre ses nouvelles plages filtrantes, ceinturées de roselières. Nora, 16 ans, frôle du bout des doigts les galets tièdes, polis par les crues contrôlées. L’odeur est étrange : un mélange d’eau douce, d’algues et de pain qui sort des fours solaires des péniches-restaurants. 

— Tu te rends compte, papi, qu’avant on garait des voitures ici ? 
— On garait surtout nos angoisses, répond Malik, ancien ingénieur devenu guide bénévole les jours sans voiture. 

Autour d’eux, des familles déambulent à vélo, en trottinettes partagées. Les panneaux discrets rappellent le quota journalier de visiteurs pour la “Riviera urbaine” : 12 000 personnes, pas une de plus, décidé en assemblée citoyenne. Les jeunes “ambassadeurs de berge” prêtent gratuitement des jumelles, expliquent comment la renaturation a ramené les sternes, comment les vieux parkings souterrains stockent maintenant les crues. On entend les cris secs des mouettes mêlés au ronron étouffé d’une navette fluviale électrique. 

Nora photographie son grand-père, pieds dans l’eau, devant les tours-refuges anti-crue devenues ateliers d’artistes. L’ombre des ponts découpe des triangles sombres sur la plage claire. Quelqu’un au loin propose une visite guidée nocturne pour observer les castors : la ville semble reprendre son souffle, et le voyage commence à domicile.

**Marée basse sur Lyon, 2058**

Il est midi d’été, mais l’air reste étonnamment frais sur les quais végétalisés de la grande métropole. À marée basse, le Rhône élargi découvre ses nouvelles plages filtrantes, ceinturées de roselières. Nora, 16 ans, frôle du bout des doigts les galets tièdes, polis par les crues contrôlées. L’odeur est étrange : un mélange d’eau douce, d’algues et de pain qui sort des fours solaires des péniches-restaurants.

— Tu te rends compte, papi, qu’avant on garait des voitures ici ?
— On garait surtout nos angoisses, répond Malik, ancien ingénieur devenu guide bénévole les jours sans voiture.

Autour d’eux, des familles déambulent à vélo, en trottinettes partagées. Les panneaux discrets rappellent le quota journalier de visiteurs pour la “Riviera urbaine” : 12 000 personnes, pas une de plus, décidé en assemblée citoyenne. Les jeunes “ambassadeurs de berge” prêtent gratuitement des jumelles, expliquent comment la renaturation a ramené les sternes, comment les vieux parkings souterrains stockent maintenant les crues. On entend les cris secs des mouettes mêlés au ronron étouffé d’une navette fluviale électrique.

Nora photographie son grand-père, pieds dans l’eau, devant les tours-refuges anti-crue devenues ateliers d’artistes. L’ombre des ponts découpe des triangles sombres sur la plage claire. Quelqu’un au loin propose une visite guidée nocturne pour observer les castors : la ville semble reprendre son souffle, et le voyage commence à domicile.
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**Vallée alpine, 2058**

Midi d’été, dans la vallée de Lantz, devenue « parc naturel habité ». Les cloches des vaches sonnent en écho, mélangées au chuchotement du télétrain qui s’arrête sans bruit devant l’ancienne gare. Lina, 17 ans, descend avec son sac de graines à la main. À côté d’elle, Jonas, guide‑paysan, sourit sous son chapeau de paille solaire. 
— Bienvenue en workation régénérative, lance-t-il. Ici, ton badge ne compte pas tes pas, mais les mètres de haies que tu aides à replanter. 

Ils rejoignent à pied l’écolodge communal, un ancien hôtel reconfiguré en modules bois‑paille. L’air sent la résine chaude et l’herbe fraîchement fauchée. Sur la terrasse, un tableau affiche les « quotas doux » : 320 lits max pour la vallée, jamais plus. Les visiteurs restent au moins une semaine, en échange d’une demi‑journée de contribution locale. Lina a choisi le programme « rivières fraîches » : diagnostics participatifs des torrents, renfort aux équipes qui entretiennent les ombrages pour limiter l’évaporation. 

Plus tard, les nuages s’amoncellent sur les cimes, mais l’ambiance reste légère. Jonas montre le vieux télésiège, reconverti en observatoire de biodiversité. Les touristes y laissent aujourd’hui des histoires plutôt que du plastique. Au loin, un groupe plante une rangée d’arbres qui dessine déjà une future haie. Une brise se lève, fait vibrer les feuilles ; quelque part, dans ce paysage en travaux, le prochain voyage commence.

**Vallée alpine, 2058**

Midi d’été, dans la vallée de Lantz, devenue « parc naturel habité ». Les cloches des vaches sonnent en écho, mélangées au chuchotement du télétrain qui s’arrête sans bruit devant l’ancienne gare. Lina, 17 ans, descend avec son sac de graines à la main. À côté d’elle, Jonas, guide‑paysan, sourit sous son chapeau de paille solaire.
— Bienvenue en workation régénérative, lance-t-il. Ici, ton badge ne compte pas tes pas, mais les mètres de haies que tu aides à replanter.

Ils rejoignent à pied l’écolodge communal, un ancien hôtel reconfiguré en modules bois‑paille. L’air sent la résine chaude et l’herbe fraîchement fauchée. Sur la terrasse, un tableau affiche les « quotas doux » : 320 lits max pour la vallée, jamais plus. Les visiteurs restent au moins une semaine, en échange d’une demi‑journée de contribution locale. Lina a choisi le programme « rivières fraîches » : diagnostics participatifs des torrents, renfort aux équipes qui entretiennent les ombrages pour limiter l’évaporation.

Plus tard, les nuages s’amoncellent sur les cimes, mais l’ambiance reste légère. Jonas montre le vieux télésiège, reconverti en observatoire de biodiversité. Les touristes y laissent aujourd’hui des histoires plutôt que du plastique. Au loin, un groupe plante une rangée d’arbres qui dessine déjà une future haie. Une brise se lève, fait vibrer les feuilles ; quelque part, dans ce paysage en travaux, le prochain voyage commence.
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Vallée alpine, 2058 

À midi d’été, la petite place de la vallée de Lagrün bourdonne d’un silence étrange : pas un moteur, seulement le froissement des pneus de vélos partagés et le cliquetis lointain d’une fontaine recyclant l’eau de pluie. Jour sans voiture obligatoire, comme tous les samedis depuis le grand plan « 50 % de CO₂ en moins ». Léa, 17 ans, renifle l’odeur de sapin chauffé au soleil en descendant de la navette autonome qui l’a déposée en lisière du village. 

— C’est donc ça, des vacances “lentes” ? demande-t-elle. 
— Ici, on ne consomme pas la montagne, on lui rend du temps, répond Samir, guide et fils de paysans, en ajustant son chapeau. 

Ils contournent l’ancien parking transformé en prairie humide pédagogique, où les enfants observent des libellules. Les hôtels en bois local affichent fièrement leurs toitures plantées : contrat de sobriété énergétique signé avec la commune, pas de jacuzzi, mais un bain nordique commun chauffé au solaire. Les touristes restent en moyenne quinze jours, participent à la fenaison, aux comptages de papillons, au comité de décision citoyen qui fixe les quotas de visiteurs pour l’été suivant. 

Léa pose la main sur une pierre rugueuse, écoute le vent dans les haies restaurées et se demande, un peu surprise, à quel moment exact elle est devenue, elle aussi, une pièce du paysage qui se réinvente.

Vallée alpine, 2058

À midi d’été, la petite place de la vallée de Lagrün bourdonne d’un silence étrange : pas un moteur, seulement le froissement des pneus de vélos partagés et le cliquetis lointain d’une fontaine recyclant l’eau de pluie. Jour sans voiture obligatoire, comme tous les samedis depuis le grand plan « 50 % de CO₂ en moins ». Léa, 17 ans, renifle l’odeur de sapin chauffé au soleil en descendant de la navette autonome qui l’a déposée en lisière du village.

— C’est donc ça, des vacances “lentes” ? demande-t-elle.
— Ici, on ne consomme pas la montagne, on lui rend du temps, répond Samir, guide et fils de paysans, en ajustant son chapeau.

Ils contournent l’ancien parking transformé en prairie humide pédagogique, où les enfants observent des libellules. Les hôtels en bois local affichent fièrement leurs toitures plantées : contrat de sobriété énergétique signé avec la commune, pas de jacuzzi, mais un bain nordique commun chauffé au solaire. Les touristes restent en moyenne quinze jours, participent à la fenaison, aux comptages de papillons, au comité de décision citoyen qui fixe les quotas de visiteurs pour l’été suivant.

Léa pose la main sur une pierre rugueuse, écoute le vent dans les haies restaurées et se demande, un peu surprise, à quel moment exact elle est devenue, elle aussi, une pièce du paysage qui se réinvente.
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Vallée alpine, 2052 

Midi d’été, à Val-Clair, l’ancienne station de ski devenue “commune-resort quatre saisons”. Les vélos-bus silencieux glissent sur la route fermée aux voitures depuis le matin, clochettes des vaches en fond sonore. Le téléphérique, reconverti en navette pour randonneurs et télétravailleurs, affiche complet, mais la file reste courte : le système de quotas coupe les réservations dès 1 200 visiteurs par jour. 

Je guide Lina, 16 ans, en stage d’été à l’office de tourisme citoyen. 
— Donc… avant, les gens venaient juste pour descendre la montagne et repartir ? 
— Oui. Aujourd’hui ils restent trois semaines, réponds-je. Ils bossent le matin, plantent des haies l’après-midi, et se plaignent seulement du pain trop bon. 
Elle rit. L’air sent le foin chaud et la résine, avec une pointe métallique quand le vieux canon à neige transformé en brumisateur se déclenche pour rafraîchir la place. Les affiches “Ici l’eau vaut plus que l’or” rappellent que chaque hébergement doit rester sous 80 litres par personne et par jour. 

Du café associatif sort un brouhaha de langues et l’odeur de soupe d’orties. Un groupe de télétravailleurs ferme leurs écrans pour partir réparer les murets en pierre sèche. Au loin, les sommets sans neige scintillent, ceints de nouvelles forêts. Et la journée commence vraiment quand le premier randonneur tend spontanément la main pour porter le sac d’un autre.

Vallée alpine, 2052

Midi d’été, à Val-Clair, l’ancienne station de ski devenue “commune-resort quatre saisons”. Les vélos-bus silencieux glissent sur la route fermée aux voitures depuis le matin, clochettes des vaches en fond sonore. Le téléphérique, reconverti en navette pour randonneurs et télétravailleurs, affiche complet, mais la file reste courte : le système de quotas coupe les réservations dès 1 200 visiteurs par jour.

Je guide Lina, 16 ans, en stage d’été à l’office de tourisme citoyen.
— Donc… avant, les gens venaient juste pour descendre la montagne et repartir ?
— Oui. Aujourd’hui ils restent trois semaines, réponds-je. Ils bossent le matin, plantent des haies l’après-midi, et se plaignent seulement du pain trop bon.
Elle rit. L’air sent le foin chaud et la résine, avec une pointe métallique quand le vieux canon à neige transformé en brumisateur se déclenche pour rafraîchir la place. Les affiches “Ici l’eau vaut plus que l’or” rappellent que chaque hébergement doit rester sous 80 litres par personne et par jour.

Du café associatif sort un brouhaha de langues et l’odeur de soupe d’orties. Un groupe de télétravailleurs ferme leurs écrans pour partir réparer les murets en pierre sèche. Au loin, les sommets sans neige scintillent, ceints de nouvelles forêts. Et la journée commence vraiment quand le premier randonneur tend spontanément la main pour porter le sac d’un autre.
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2 0
**Vallée alpine sans voiture, 2052**

Midi d’été, à Saint-Laurent-sur-Glacier, la cloche de l’église sonne pendant que la navette autonome grimpe en silence. Par la vitre, Inès regarde les pâturages en terrasses, là où passaient autrefois les cars de touristes. À côté d’elle, Malik, garde-nature devenu médiateur mobilité, sourit en montrant le vieux parking reconverti en verger partagé. 
— Avant, ici, c’était 800 voitures par jour en haute saison. Maintenant, on limite à 2 000 visiteurs, mais on les garde plus longtemps, dit-il. 
Une odeur de foin coupé entre par la fenêtre entrouverte, couvrant à peine celle, discrète, du freinage électrique.

Sur la place du village, les vélos en libre-service remplacent les files de SUV. Un groupe de jeunes, sacs à dos légers, scanne le totem en bois : l’appli propose randos, ateliers de fromages, temps calme au bord du torrent. Pas de packages, juste des combinaisons possibles, co-construites avec les habitants. La charte locale oblige les hébergements à l’énergie positive et le séjour inclut une demi-journée de “coup de main” à la restauration des sentiers.

Le tonnerre au loin rappelle que le glacier au-dessus recule encore. Inès lève son téléphone, hésite à filmer. Puis elle le range : elle préfère écouter le bourdonnement de l’eau, les rires sur la place, et penser à ce qu’ils pourraient encore inventer, ensemble, pour la saison prochaine.

**Vallée alpine sans voiture, 2052**

Midi d’été, à Saint-Laurent-sur-Glacier, la cloche de l’église sonne pendant que la navette autonome grimpe en silence. Par la vitre, Inès regarde les pâturages en terrasses, là où passaient autrefois les cars de touristes. À côté d’elle, Malik, garde-nature devenu médiateur mobilité, sourit en montrant le vieux parking reconverti en verger partagé.
— Avant, ici, c’était 800 voitures par jour en haute saison. Maintenant, on limite à 2 000 visiteurs, mais on les garde plus longtemps, dit-il.
Une odeur de foin coupé entre par la fenêtre entrouverte, couvrant à peine celle, discrète, du freinage électrique.

Sur la place du village, les vélos en libre-service remplacent les files de SUV. Un groupe de jeunes, sacs à dos légers, scanne le totem en bois : l’appli propose randos, ateliers de fromages, temps calme au bord du torrent. Pas de packages, juste des combinaisons possibles, co-construites avec les habitants. La charte locale oblige les hébergements à l’énergie positive et le séjour inclut une demi-journée de “coup de main” à la restauration des sentiers.

Le tonnerre au loin rappelle que le glacier au-dessus recule encore. Inès lève son téléphone, hésite à filmer. Puis elle le range : elle préfère écouter le bourdonnement de l’eau, les rires sur la place, et penser à ce qu’ils pourraient encore inventer, ensemble, pour la saison prochaine.
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**Vallée alpine, 2068**

Midi d’été, la cloche de l’église sonne doucement dans la vallée. Léo gare son vélo à assistance partagée devant la petite gare en bois. L’ancienne station de ski, au-dessus, est devenue un parc naturel habité. Sur le panneau, il lit : « Réservation obligatoire, 1 500 visiteurs/jour max – Conseil citoyen de la vallée ». À côté de lui, Aïcha, la guide, ajuste son chapeau en chanvre recyclé.

— Tu savais qu’ici on ne chauffe plus les hôtels depuis dix ans ? Juste des maisons-passoires transformées en gîtes solaires. 
— Et les skis ? demande Léo. 
— Musée. Maintenant on répare les pentes, pas les dameuses.

Ils montent dans la navette électrique commune, qui serpente lentement vers l’ancien front de neige. L’air sent la résine et la pierre chaude. Le bruit régulier des cloches des brebis couvre à peine le chuchotement du moteur. Aïcha lui montre les terrasses replantées en prairie, adoptées par les visiteurs via un micro-prélèvement sur chaque nuitée.

En haut, la foule est calme : ateliers de restauration de murets, balade botanique, sieste à l’ombre des panneaux solaires bifaciaux. Léo passe la main sur une roche striée, vestige d’un glacier disparu, pendant qu’un groupe de jeunes débat du prochain budget participatif touristique.

Au loin, la vallée bruisse doucement, comme en attente, et quelqu’un propose d’aller voir ce qui pousse derrière l’ancienne piste noire.

**Vallée alpine, 2068**

Midi d’été, la cloche de l’église sonne doucement dans la vallée. Léo gare son vélo à assistance partagée devant la petite gare en bois. L’ancienne station de ski, au-dessus, est devenue un parc naturel habité. Sur le panneau, il lit : « Réservation obligatoire, 1 500 visiteurs/jour max – Conseil citoyen de la vallée ». À côté de lui, Aïcha, la guide, ajuste son chapeau en chanvre recyclé.

— Tu savais qu’ici on ne chauffe plus les hôtels depuis dix ans ? Juste des maisons-passoires transformées en gîtes solaires.
— Et les skis ? demande Léo.
— Musée. Maintenant on répare les pentes, pas les dameuses.

Ils montent dans la navette électrique commune, qui serpente lentement vers l’ancien front de neige. L’air sent la résine et la pierre chaude. Le bruit régulier des cloches des brebis couvre à peine le chuchotement du moteur. Aïcha lui montre les terrasses replantées en prairie, adoptées par les visiteurs via un micro-prélèvement sur chaque nuitée.

En haut, la foule est calme : ateliers de restauration de murets, balade botanique, sieste à l’ombre des panneaux solaires bifaciaux. Léo passe la main sur une roche striée, vestige d’un glacier disparu, pendant qu’un groupe de jeunes débat du prochain budget participatif touristique.

Au loin, la vallée bruisse doucement, comme en attente, et quelqu’un propose d’aller voir ce qui pousse derrière l’ancienne piste noire.
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Cap sur la vallée basse, 2052 

Midi d’été, vallée alpine reconvertie. Les anciens télésièges rouillent doucement au-dessus des prairies restaurées, remplacées par des sentiers ombragés. Lila, 26 ans, arrive avec son petit sac à dos ; son train de nuit depuis Paris a mis neuf heures, les vols courts sont interdits depuis dix ans sur ces liaisons. Amir, guide local et co‑gérant de la coopérative, l’attend près de la fontaine, où coule une eau recyclée et surveillée au litre près par la commune. L’air sent le foin chaud et la résine, une cloche tinte au loin. 

— Alors, prête pour trois heures de « tourisme utile » ? sourit Amir. 
— Je croyais venir en vacances, proteste Lila. 
— Justement. Ici, chaque visiteur signe pour au moins une action régénérative. Tu as coché « restauration des zones humides ». 
Ils marchent jusqu’à l’ancienne piste bleue, devenue corridor pour amphibiens. Le sol spongieux sous leurs bottes, le bourdonnement des abeilles, les planches en bois de mélèze non traité sous leurs mains. La coopérative limite l’accueil à 2 000 visiteurs par saison et publie chaque année un bilan eau-biodiversité, consulté comme un palmarès de festival. 

Lila plante son premier carex dans la tourbe fraîche, étonnée d’être émue par un brin d’herbe. Le soleil tape, un orage couve derrière les crêtes. Et la journée ne fait que commencer à inventer une autre façon de voyager.

Cap sur la vallée basse, 2052

Midi d’été, vallée alpine reconvertie. Les anciens télésièges rouillent doucement au-dessus des prairies restaurées, remplacées par des sentiers ombragés. Lila, 26 ans, arrive avec son petit sac à dos ; son train de nuit depuis Paris a mis neuf heures, les vols courts sont interdits depuis dix ans sur ces liaisons. Amir, guide local et co‑gérant de la coopérative, l’attend près de la fontaine, où coule une eau recyclée et surveillée au litre près par la commune. L’air sent le foin chaud et la résine, une cloche tinte au loin.

— Alors, prête pour trois heures de « tourisme utile » ? sourit Amir.
— Je croyais venir en vacances, proteste Lila.
— Justement. Ici, chaque visiteur signe pour au moins une action régénérative. Tu as coché « restauration des zones humides ».
Ils marchent jusqu’à l’ancienne piste bleue, devenue corridor pour amphibiens. Le sol spongieux sous leurs bottes, le bourdonnement des abeilles, les planches en bois de mélèze non traité sous leurs mains. La coopérative limite l’accueil à 2 000 visiteurs par saison et publie chaque année un bilan eau-biodiversité, consulté comme un palmarès de festival.

Lila plante son premier carex dans la tourbe fraîche, étonnée d’être émue par un brin d’herbe. Le soleil tape, un orage couve derrière les crêtes. Et la journée ne fait que commencer à inventer une autre façon de voyager.
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Marée basse sur la ville, 2074 

Midi d’été, marée basse, dans la métropole littorale de Saint-Malo élargie. Les vieux remparts regardent les quais plantés de roseaux filtrants, les ferries électriques glissent sans bruit, juste un léger chuintement d’hélices. Aïcha, guide locale devenue “médiatrice des marées”, attend son groupe sous l’ancienne porte Saint-Vincent, fermée aux voitures depuis vingt ans. À côté d’elle, Malik, 14 ans, traîne son sac en chanvre recyclé. 

— Donc on ne va pas à la plage ? 
— On y va, répond Aïcha, mais d’abord on regarde comment elle tient encore debout. 

Elle montre les cartes affichées sur le mur : courbes de niveau, zones inondables, lignes rouges des anciens parkings à touristes. La ville a relevé ses quais de 80 centimètres, déplacé trois hôtels en modules réemployés, instauré un quota journalier d’entrées intra-muros. Les “pass marée” synchronisent trains, navettes à voile et vélos partagés, pour lisser les flux. On sent l’odeur iodée mêlée à celle des algues cultivées sur les digues-récifs, que des habitants exploitent en coopérative touristique. 

Le groupe descend vers l’estran. Les pas crissent sur le sable humidifié, des enfants plantent de jeunes zostères dans le cadre d’un “séjour régénératif”. Malik filme, puis range son téléphone. Devant lui, les ruelles sont silencieuses, le vent claque sur les drapeaux de signal de marée, et la ville semble retenir son souffle, précisément au moment où la mer commence à revenir.

Marée basse sur la ville, 2074

Midi d’été, marée basse, dans la métropole littorale de Saint-Malo élargie. Les vieux remparts regardent les quais plantés de roseaux filtrants, les ferries électriques glissent sans bruit, juste un léger chuintement d’hélices. Aïcha, guide locale devenue “médiatrice des marées”, attend son groupe sous l’ancienne porte Saint-Vincent, fermée aux voitures depuis vingt ans. À côté d’elle, Malik, 14 ans, traîne son sac en chanvre recyclé.

— Donc on ne va pas à la plage ?
— On y va, répond Aïcha, mais d’abord on regarde comment elle tient encore debout.

Elle montre les cartes affichées sur le mur : courbes de niveau, zones inondables, lignes rouges des anciens parkings à touristes. La ville a relevé ses quais de 80 centimètres, déplacé trois hôtels en modules réemployés, instauré un quota journalier d’entrées intra-muros. Les “pass marée” synchronisent trains, navettes à voile et vélos partagés, pour lisser les flux. On sent l’odeur iodée mêlée à celle des algues cultivées sur les digues-récifs, que des habitants exploitent en coopérative touristique.

Le groupe descend vers l’estran. Les pas crissent sur le sable humidifié, des enfants plantent de jeunes zostères dans le cadre d’un “séjour régénératif”. Malik filme, puis range son téléphone. Devant lui, les ruelles sont silencieuses, le vent claque sur les drapeaux de signal de marée, et la ville semble retenir son souffle, précisément au moment où la mer commence à revenir.
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